Plan
1.1 Histoire de la grammaire
1.2 Critères de la grammaire
1.3 Plusieurs types de grammaire
1.4 Approches et notions principales des faits de grammaire
1.1 Histoire de la grammaire
La grammaire est définie comme la science qui se propose de montrer la structure d’une langue et les mécanismes du langage, d’expliquer les règles de changement et de combinaison des mots formant un énoncé (une phrase). La grammaire se subdivise en deux parties: la morphologie qui étudie les changements des mots et la syntaxe, science de la combinaison des mots en phrases.
Les anciennes civilisations n’ont pas toutes développé une pensée grammaticale. Ainsi, parmi les peuples de l’Antiquité, seuls les Indiens et les Grecs semblent avoir eu une telle réflexion sur la langue. C’est aux Indiens que l’on doit la première grammaire, celle de Panini (V>e ou IV>e siècle avant J.−C.), sur le sanskrit. Quant aux Grecs, on leur doit à la fois le nom même de «grammaire» – le terme grammatikê tekhnê apparaît chez Platon, les termes d’une querelle philosophique qui parcourra toute l’histoire de la grammaire – l’opposition entre règles naturelles et conventions – et la définition des «parties du discours» – Aristote établira la distinction entre nom et verbe, essentiellement en termes logiques, la catégorie des conjonctions et la distinction des genres et des temps, tandis que les stoïciens donneront une liste de huit «parties du discours».
Les Romains continueront dans cette voie, de même que le Moyen Âge, qui poursuit la réflexion sur le latin en ne s’intéressant que peu aux langues vulgaires. La Renaissance voit cette étude se généraliser, à l’époque où le français devient la langue officielle du royaume – par l’ordonnance de Villers−Cotterêts, en 1539. Le XVII>e siècle connaît essentiellement deux tendances grammaticales: la tendance normative avec Malherbe et Vaugelas; la tendance rationaliste avec la Grammaire de Port−Royal. Désignation habituelle de l’ouvrage publié en 1660 par Claude Lancelot et Antoine Arnauld, sous le titre de Grammaire générale et raisonnée. Traitant d’abord des sons et de la parole, puis des usages de la langue, la grammaire distingue le niveau de la langue parlée et celui des principes qui régissent le fonctionnement de cette langue. Le linguiste américain N. Chomsky a vu dans cette démarche l’annonce de la distinction moderne entre structure de surface et structure profonde.
Le XVIII>e siècle voit le début du renversement du rapport langue / pensée, donc l’idée d’une étude autonome de la langue non soumise à la pensée.
Le XIX>e siècle sera celui de la grammaire comparée, où seront établies les lois sur la parenté des langues, avec en particulier les recherches sur l’indo−européen. Mouvement apparu en Europe au début du XIX>e siècle, la grammaire comparée étudie le degré de parenté existant entre les différentes langues du monde, anciennes ou modernes, et tente d’établir les relations entre celles−ci et les langues originelles dont elles proviendraient.
Ce n’est qu’au XX>e siècle qu’on rencontrera des exigences proprement scientifiques, et que la réflexion grammaticale prendra place dans la science du langage, la linguistique.
Les principaux courants grammaticaux de la linguistique du XX>e siècle partagent ce postulat du primat de la forme. Il s’agit du fonctionnalisme ou structuralisme européen, qui part d’une définition de la langue comme instrument de communication, d’où il définit les caractères nécessaires à l’exercice de cette fonction; du distributionnalisme ou structuralisme américain, fondé sur l’idée que toute unité de langue est définie par sa «distribution» dans la phrase, et peut donc être étudiée au moyen des contextes dans lesquels elle apparaît; de la grammaire générative, qui fonde sa description de la langue sur la distinction entre structures profondes et structures de surface. En outre, la grammaire générative comporte un postulat philosophique concernant l’innéisme de la langue, repris pour l’essentiel à la philosophie française du XVII